Cest une histoire sombre, pesante que celle de Never Let Me Go. Même si le film ne passe plus dans beaucoup de salles, ce texte contient des éléments d'explication qui nuiraient à sa découverte
Ces enfants, beaux, aux airs de perfection, sont élevés dans une institution en dehors du monde, strictement, selon des règles à la fois saines et inquiétantes. Malgré les rumeurs, auxquelles il est abruptement mis fin, ils ne comprennent finalement quarrivés à ladolescence ce pour quoi ils sont réellement nés, ce pour quoi ils doivent « vivre ».
Disons le dès le départ, ce film est visuellement très réussi, esthétique. Il magnifie lAngleterre, latmosphère de sa campagne. Peut-être un peu trop beau parfois quand on songe à lhistoire ?
Au début du film, je nai pu mempêcher malgré les différences de penser à létrange et controversé « Innocence » de Lucile Hadzihalilovic (compagne de Gaspar Noé) : photographie extrêmement soignée, environnement vert et clos, danger du monde extérieur, mystère lié au but de linstitution.
Très vite cependant, les films divergent. Le mystère de létablissement séclaircit autant que le doute sinstalle dans lesprit du spectateur. On comprend que ces jeunes gens sont les répliques, les clones de personnes existantes et quils sont voués à mourir après avoir fait don de plusieurs de leurs organes. Ils sont nés et ont grandi « sainement » pour cela.
Cest un thème très intéressant qui glace le sang et fait se poser des questions éthiques : le fait de prolonger une autre vie donne-t-il du sens à une vie qui doit pour cela sinterrompre? Comment peut-on réduire un être humain à un corps ? Comment faire face à une mort programmée ? Je nai pas lu louvrage dont le film est inspiré mais ce qui ma frappée est le fait quà aucun moment lun des trois personnages principaux ne manifeste la moindre volonté de faire obstacle à ce destin quon a tracé pour eux (l'hypothèse du sursis étant par définition temporaire...).
Exception faite de quelques réactions puériles, possessives, manipulatrices de Ruth (Keira Knightley) qui offrent un peu dhumanité, daspects faillibles à létoffe des personnages, ils semblent tous animés dun courage sans bornes, manifestent une obéissance quasi aveugle (fataliste ?) aux règles. Malgré un conditionnement dès lenfance qui nous est certes montré, le fait quaucun ne sécarte ma rendu perplexe et parfois laissé sur le bord de ce douloureux chemin.
Pour ce qui est de linterprétation, je lai trouvée remarquable, particulièrement celle de Carey Mulligan, dont le regard abrite beaucoup démotions, parmi lesquelles une souffrance résignée à laquelle il nest pas évident de faire face. Jai dailleurs trouvé le choix de casting du personnage enfant excellent au niveau de la ressemblance. Keira Knightley montre une palette démotions un peu plus larges que dordinaire, ce qui est appréciable.
En résumé, un film dérangeant mais rare par son thème, qui soulève un grand nombre de questions intéressantes sans réelle ébauche de réponses. A méditer ? Toute information, avis à ce sujet sont les bienvenus, particulièrement si le livre apporte dautres éléments par rapport au film.